Du fromage et des élections

Publié le par Sylvain

Un mois. Un mois de France, jour pour jour. Retour temporaire imposé par le contexte, fragilité d'un pays qui se cherche et peuple se levant pour lui-même et l'avenir de ses enfants.

Un mois, c'est long, c'est court. C'est assez long, en tout cas, pour revoir les amis de toujours, ceux que la distance n'éloigne pas et qui ont toujours un morceau de paravent derrière lequel cacher un matelas et un sac de couchage. Assez long aussi pour un week-end en famille, des pressions à 4 euros, une grosse orgie continue de fromages, des dîners chez Alexandre, au Gabriela, au passage Brady ou dans un petit Viet de la place d'Italie, des petits plats cuisinés autour d'une bouteille de vin à la maison…

Un mois à Paris, c'est aussi la ligne 13 bondée à 17h00, la découverte de nouvelles rues, toujours ce plaisir de marcher tranquillement au milieu des passants pressés, les contrôles de tickets, les croissants-beurre le matin, la valse de Saint-Jean à l'accordéon, les rabatteuses du Boulevard de Clichy, la serveuse aux cheveux bleus de la Fourmi, le cinéma à 9 euros 70, le nouveau scooter à deux roues avant, les crottes mal placées et les journaux gratuits, les télécentres à 25c la minute vers la Guinée, les bazars libanais du XVIIIe, les rayons du Leader-Price, et puis, en fin de compte, OrlyVal et le plastifiage du sac à dos pour 7 euros à l'aéroport…

Ce sont aussi de nombreuses heures gratuites et oisives autour de 23 chaînes, du tennis de Wii Sports, d'un puzzle de 1000 pièces, des DVD des Simpsons et de La Main qui Tue.

Et puis, comme de bien entendu, en cette année électorale, les gesticulations pathétiques et opportunistes de nos bien-aimés candidats, toujours à l'affût du moindre de nos besoins enfouis et/ou inavoués. La douzaine pour le prix d'un, mais rien sur l'étalage qui donne envie d'acheter. Pas faim, non, merci. Ah, mais il faut choisir, mon bon Monsieur! Obligé? Z'êtes sûr? Enfin, non, pas obligé, mais bon, quand on aime les pêches et qu'on ne dit rien, on a des chances de se taper un poireau à la place…

Bref, fort de ce soulagement politiquement un peu lâche et négligent de ne pas avoir à subir impérieux sondages et creux discours pendant 18 jours encore, je regagne, finalement, chaleurs et pluies revenues, des amis, une maison, un travail, une minette, un tout que je n'étais pas prêt à quitter il y a déjà deux mois. La Guinée se relève, et mon temps est encore ici. Pour quelques mois.

 

Publié dans Escapades

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