Education communautaire

Publié le par Sylvain

M. Ali, instituteur dogon de Bégnématou, notre dernière étape avant le retour à Bandiagara. Rencontre édifiante, instructive. Un peu désespérante peut-être aussi.

L'école de Bégnématou est une école communautaire : elle fonctionne grâce aux dons des villageois. Pas d'argent ni de personnel d'Etat. Les instituteurs, dans ce type d'école, sont souvent des contractuels mal payés et peu formés.

M. Ali est une exception : ancien fonctionnaire, il a en quelque sorte sacrifié une partie de sa carrière pour venir enseigner ici, son pays d'origine. Depuis son arrivée, tous les enfants du village fréquentent les trois classes disponibles. Une troisième salle est en construction grâce au don d'une ONG étrangère. Les gamins ont davantage de chances d'aller au collège…

A l'échelle du village, M. Ali a décuplé le niveau d'éducation.

Une bien belle histoire… sans issue? M. Ali a déjà fait beaucoup mais ne sera pas là éternellement. Mal payé, il aimerait bien trouver un meilleur poste, quelque part. Mais pour être remplacé par qui? Un nouveau contractuel incompétent? Pour un retour à la case départ?

Seule voie, seul salut, que l'école devienne publique. L'Etat, alors, enverrait des instituteurs. Le dossier est en cours, mais M. Ali n'a que peu d'espoir. Trop peu de dossier aboutissent, il n'a pas de connaissances haut placées au ministère… et qui se soucie d'une petite école de paysans du pays dogon? M. Ali se sent impuissant.

Alors il reste, il s'accroche, malgré tout. Il repousse l'inévitable, clé de voûte sans laquelle tout s'écroule.

A pied vers l'église et les répétitions de sa chorale, nous quittons M. Ali. Peut-être les chants maladroits et leurs belles prières créeront-ils un peu d'espoir à ces gosses ayant trop peu d'avenir. Et qui, sans doute, ne sont pas totalement conscients de la chance qu'ils ont…

Publié dans Mali 2006

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